L’enseignement à distance c’est reparti.
Dans notre académie, l’utilisation de la visio est fortement recommandée.
Vous trouverez en PJ un tableau sur la réalité de cette situation de travail.
Ce tableau est un relevé des difficultés rencontrées à l’occasion de classes virtuelles et des adaptations qui ont pu être tentées par les enseignants. Il a été réalisé à partir d’une quinzaine d’entretiens en mai 2020 avec des collègues qui ont pratiqué la classe virtuelle régulièrement et à partir de l’observation de séances de collègues. Il n’est bien entendu pas exhaustif. Son objet est de donner une base pour décrire plus précisément cette situation de travail inédite et découverte pour beaucoup dans l’urgence l’année dernière.
Il ne s’agit pas de dire si les classes virtuelles sont « bien » ou « mal » dans l’absolu, mais de montrer que ce n’était pas simple, que s’y mettre demande du temps et de l’énergie pour surmonter des obstacles, ce qui représente un travail invisible trop ignoré par notre hiérarchie. Et l’anticipation de ce travail invisible, potentiellement solitaire, ou s’y confronter, a aussi pu légitiment dissuader des collègues d’y recourir.
Face à une hiérarchie qui nie ou méconnait la charge de travail, la fatigue, l’investissement que cela nécessite ou surestime les apports, vous pourrez y trouver des éléments pour expliquer la situation.
Le tableau permet aussi indirectement de partager des expériences, de se rendre compte que la difficulté ou le questionnement qu’un collègue a pu rencontré était partagé, et de découvrir les réponses d’autres personnes à un même problème.
Si des collègues ont persévéré, malgré les difficultés, c’est qu’ils en retiraient une satisfaction relative, nous y reviendrons, ou que dans le cadre d’un dilemme, ils estimaient que l’alternative (ne pas avoir de contacts collectifs et synchrones avec leurs élèves) était moins bonne. Mais aucun des collègues n’exprime une satisfaction complète. Les éléments d’insatisfaction sont plus ou moins nombreux. Le temps de préparation et d’autoformation, ainsi que la fatigue ou la tension générée par les séances sont toujours évoqués. La grande majorité exprime des doutes sur l’efficacité pédagogique, sur l’effectivité des apprentissages pour tous les élèves connectés, en dépit du temps, de l’énergie et du soin mis à la préparation des séances. Le constat d’un manque d’interactions (par rapport au présentiel), attribué plus ou moins selon les situations, à la passivité des élèves, souvent incomprise, ou à l’outil revient systématiquement.
Lorsque des collègues indiquent avoir pu enseigner d’une manière proche de ce qu ’ils faisaient en classe en termes d’interactions et d’efficacité, il s’agit de situations particulières, comme des groupes de spécialités, et quelquefois peu nombreux.
Les motifs de satisfaction relèvent plutôt du domaine du maintien d’un lien direct avec les élèves : leur avoir donné un cadre temporel qui pouvait scander leur travail, avoir eu un moment de communication synchrone avec eux, pouvoir parler directement pour répondre à des questions et résoudre des problèmes et s’épargner ainsi de nombreux messages asynchrones…
Le tableau ne concerne que la situation de travail des enseignants. La situation de travail des élèves, bien que souvent évoquée par les collègues, nous est moins accessible dans son ensemble. Quelques éléments ponctuels remontent de l’observation de ses propres enfants, de témoignages ou de confidences d’un élève particulier à un enseignant. Ils sont mentionnés en fin de tableau.
Par ailleurs, les choix faits d’intitulés de lignes et de classement des observations ont une part d’arbitraire. Mais il ne s’agit que d’aider la pensée, pas de l’enfermer. Les interactions entre les différentes difficultés et les tentatives pour les surmonter sont nombreuses, d’une grande complexité et soumises à des variables. D’autres choix de classement auraient pu être faits. Pour autant il faut être en mesure de décrire au moins partiellement et imparfaitement la situation de travail du point de vue du travailleur pour éviter de se faire confisquer la parole.
Note : la colonne Exemples d’adaptations ne contient pas de solutions ou de bonnes pratiques. Il s’agit de réactions observées ou déclarées face à une difficulté. Elles peuvent elles-mêmes susciter d’autres problèmes et/ou ne pas satisfaire celui qui l’a mise en place. Elles peuvent être mises en discussion et certaines peuvent entrer en conflit avec les valeurs ou principes de ceux qui les pratiquent. Il s’agit surtout de montrer que les collègues ne sont pas passifs, ils ne font pas que subir, ils réagissent, mais souvent seuls et dans l’urgence. Un bon exemple, c’est que bon nombre des collègues interrogés ont déclaré avoir dû faire moins de classes virtuelles avec des classes pour lesquelles c’était plus difficile ou avoir dû prioriser certains niveaux sur lesquels il y avait des enjeux d’orientation ou d’examen, puisqu’ils n’étaient pas en mesure d’assurer autant d’heures que celles envisagées.
Tableau sur la situation de travail en classe virtuelle :