Article du SNES national

Fin 2009, N. Sarkozy définissait les langues vivantes comme une priorité dans le cadre de la réforme du lycée. L’objectif annoncé était la maîtrise par tous les élèves des « langues de communication ».

Au-delà du concept de « maîtrise » qu’il faudrait définir, l’idée de séparer langue, culture et pensée est omniprésente dans l’esprit gouvernemental.

Lors d’un séminaire de 2004, R. Chudeau, alors sous-directeur de la DGESCO, écrivait : « […] sur les contenus et les méthodes de l’enseignement des LV. Il apparaît à ce sujet, qu’il faudra de plus en plus distinguer entre les compétences de compréhension et d’expression et ce qui ressort d’une étude des langues d’un point de vue culturel et civilisationnel.

Le CECRL pousse dans cette voie […]. » Le moyen préconisé pour mettre en oeuvre la priorité présidentielle est le regroupement des élèves « par niveau pour les cours de langues : ce qu’on appelle, dans le CECRL, les groupes de compétences ». Pourtant, les groupes de compétences n’apparaissent pas dans le CECRL.

En revanche le concept de « compétences » est au centre de toutes les réformes depuis le plan de rénovation de 2005 : socle commun, attestation de niveau A2, certifications, livrets de compétences.

Le Conseil Européen définit la « compétence » comme « un ensemble de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes » ; 8 compétences-clés se déclinent en sous-compétences dont une est la « communication dans une langue étrangère » (cf. le A2 au DNB). Or, comme le précise B. Rey, si la compétence décrit le type de tâche qu’elle permet d’accomplir, elle n’indique pas comment on peut l’acquérir. Pour le SNES, les compétences doivent être adossées aux savoirs et la référence doit être les programmes (qui ont intégré le CECRL).

Le SNES s’oppose à l’organisation de l’enseignement par groupes de compétences qui n’est pas une garantie de groupes allégés et donne une vision morcelée et utilitariste de l’enseignement. Avec cette organisation, la mise en place de groupes de niveau devient inévitable puisque la répartition des élèves se fait à partir d’une évaluation diagnostique qui les classe en « groupes de niveaux de compétences » comme les appelle F. Goullier, IG.

Pourtant, même M. Monnanteuil, doyen des IG de Langues, dans le séminaire sus-cité, expliquait qu’ils n’étaient qu’une « des voies possibles pour améliorer l’efficacité de notre enseignement des langues. »

L’obstination du ministère a vouloir les imposer tient sans doute alors au fait qu’ils lui permettent d’occulter le problème des horaires élèves et de globaliser les moyens des langues vivantes dans un établissement…bref de supprimer des postes.

Rappelons que selon l’article D312-17 du Code de l’Education « les enseignements de LVE peuvent être dispensés en groupes de compétences » (pas d’obligation donc) et que cette organisation « doit être adoptée par le C.A ». Battons-nous pour des groupes-classes décents et une exposition régulière à la langue, conditions indispensables pour des apprentissages permettant une connaissance de la langue dans ces dimensions culturelles, civilisationnelles et communicationnelles, garantissant une préparation dans les mêmes conditions aux diplômes du DNB et du Baccalauréat.