Communiqué de presse du SNES national
10 octobre 2009
Orientation : "l’Education Nationale n’a pas besoin d’apprentis sorciers !
Les députés et sénateurs composant la commission mixte paritaire ont, semble t-il, entériné, mardi 06 octobre, la plupart des modifications apportées par le Sénat au projet de loi sur l’orientation et la formation professionnelle.
Alors que le périmètre du projet concernait la traduction législative de l’Accord National Interprofessionnel et l’inscription de nouveaux droits pour « les personnes engagées dans la vie professionnelle ou qui s’y engagent », les parlementaires de la majorité ont choisi d’étendre toutes les mesures aux élèves en formation initiale. Mais en a-t-on véritablement mesuré tous les effets ?
La place accordée au Délégué interministériel pour l’orientation et les attributions qui lui seraient confiées, reviendrait à dessaisir le Ministère de l’Education Nationale du pilotage de l’orientation scolaire et de la formation professionnelle initiale des jeunes. N’est-on pas en train de mettre en place la structure nécessaire à la création ultérieure d’une Agence de l’orientation, extérieure à l’Education Nationale, comme le préconise le Livre vert ?
Ce « super ministre » de la formation initiale et continue serait à la fois juge et partie, définissant les normes de qualité pour les organismes à labelliser, accordant les labellisations et évaluant les prestations.
L’extension du recours à ces organismes, fussent-ils labellisés, conduirait de fait à « externaliser » l’accompagnement et le conseil pour l’orientation aujourd’hui assurés par des personnels formés et qualifiés de l’Education Nationale. Les dérives, de toutes natures, observées dans la formation des adultes ne devraient-elles pas dans ce domaine inciter à une plus grande prudence ? Quelles garanties de qualification, d’indépendance et de respect déontologique des personnes auront désormais les familles ?
C’est manifestement dans cet esprit, qu’a été proposé un article sur la formation des conseillers d’orientation-psychologues qui n’a pas grand-chose à faire dans cette loi, si ce n’est préparer des transformations radicales du statut et de la formation.
Enfin le rapprochement des « opérateurs » chargés de l’information (ONISEP, CIDJ, Centre Info) et la création d’un service dématérialisé d’information et de conseil, confiés au Délégué interministériel, risquent d’être le prélude à une fusion. Pourtant chacun de ces organismes correspond à un public différent. Jeunes et adultes n’ont pas les mêmes besoins et la mise en place sur une plateforme unique, de personnels ayant des compétences spécifiques pour des réponses polyvalentes, irait à l’encontre de l’intérêt des usagers. Depuis 1971, L’ONISEP offre à tous les élèves une information objective, fiable, indépendante faisant l’objet d’une mise en forme pédagogique adaptée, en fonction de l’âge des élèves et de leur niveau de scolarisation. Ce savoir faire s’appuie sur la compétence des conseillers d’orientation-psychologues qui ont choisi de travailler à l’ONISEP central ou dans ses délégations régionales et il risque d’être perdu.
Ces dispositions remettent gravement en cause les missions et les valeurs de L’Education Nationale. Le SNES n’acceptera pas que des transformations de cette ampleur soient imposées de manière subreptice, alors que les personnels et les parents ont été tenus à l’écart de ce débat.