RUPTURE !

Certes, 2005 vient de s’achever par une bonne nouvelle pour le SNES et la FSU qui sortent
renforcés des élections.
Pour autant le gouvernement et la représentation nationale malgré les manifestations d’opposition
à leur politique n’en continuent pas moins d’avancer vers un capitalisme de plus en plus débridé marquant
une rupture réelle avec le système social et économique français.
Dans l’Education Nationale, le gouvernement tente un basculement du contrat établi depuis la
Libération
 : statut des fonctionnaires, élévation des qualifications et massification s’appuyant sur la
qualification d’enseignants du second degré monovalents, politique territoriale d’aide sociale et scolaire
(ZEP), allongement de la scolarité obligatoire, développement de l’enseignement en lycée technologiques
et professionnels, politique de recrutement ambitieuse.
Toutes les mesures Robien Fillon remettent en cause le lien social entre l’école et la nation.
Le ministre, en interdisant la « méthode globale », a porté le discrédit sur le métier et le travail des
enseignants, leurs capacités à adopter ou adapter une méthode idoine pour leurs élèves. Il continue dans le
second degré avec le nouveau dogme de la bivalence, qui est un retour aux années 50 (je n’étais pas
encore né !). Les professeurs seraient meilleurs en enseignant deux matières dont une qu’ils ne
connaîtraient pas suffisamment. Le ministre peine à cacher que surtout, cela coûtera moins cher et
certains chefs louent la flexibilité que cela induirait.

La crise des banlieues est devenue un prétexte à la mise en place accélérée de mesures régressives
 : l’apprentissage à 14 ans fait reculer l’âge réel de la scolarité obligatoire à 16 ans, le socle minimum
remet en cause la nécessaire élévation des qualifications des jeunes, l’abandon de la politique des ZEP
passe d’une approche territoriale et collective des problèmes à une réponse exclusivement individuelle
reposant sur le mérite, le financement des mesures ZEP se fait par redéploiement de moyens (une heure de
moins en cycle central, mesure pour laquelle le SGEN au CTPM a exprimé son accord) et la sortie de ZEP
de nombreux établissements d’ici trois ans.
Le point de rupture est atteint dans les recrutements de profs. L’E.N., où il t a les gros
bataillons de fonctionnaires, est devenue la cible. Cette année les concours permettront seulement 8700
recrutements nouveaux
à comparer avec des départs en retraites de 15000 à 17300 enseignants. Cela
fait un fonctionnaire sur deux non remplacé ! Comment tenir ? Déclinez tout ce qui précède et voyez les
économies : apprentissage, socle minimum (moins de matières), moins d’heures d’enseignement en
collège, bivalence, moins de ZEP. Ajoutez les assistants pédagogiques dont il n’est pas fait mystère qu’ils
seront des profs au rabais sorte de nouveaux répétiteurs (là non plus je n’étais pas né)... La coupe déborde.
Le premier ministre a annoncé que les économies faites sur le recrutement des fonctionnaires
serait redistribuées pour partie aux actifs. Le 12 janvier dernier, Christian Jacob, ministre de la Fonction
publique a fait des propositions ridicules sur les salaires (+ 0,5%). Il se moque de nous et en plus veut
une contrepartie sur les changements de statuts (contractualisation), dans le but d’augmenter le
temps et la charge de travail (cf la question des remplacements obligatoires).

Les organisations syndicales FSU, CGT, FO, CFDT et UNSA décident de réagir ensemble, dans
un premier temps, pour les salaires et la refonte de la grille indiciaire, l’emploi et la lutte contre la
précarité par une journée d’actions, et de

grève dans l’ensemble de la Fonction publique le jeudi 2 février 2006.

Christophe Girardin,
Reims, le 19 janvier 2006